Créé le 3 juillet prochain à Montpellier danse, Good Luck a été en résidence au BNM aux débuts de sa conception. Après A Big Big Room Full of Everybody’s Hope (2023), créé avec trois générations de sa famille sur scène, Amit Noy poursuit un travail qui questionne l’articulation du corps et de la mémoire, qu’elle soit collective ou intime.

Dans Good Luck, Amit Noy propose un strip-tease décapant les inconscients culturels où dorment la violence et le deuil.

Je passe de l’uniforme de l’alpha-masculinité brutale - jean et chemise blanche - à une figure hybride et ambiguë, en couche culotte et longs gants d'opéra.

© Simon Courchel

Mon point de départ a été l'étude des crimes insupportables perpétrés par l'État d'Israël, à travers la culture de ses danses et chants folkloriques. J’ai voulu explorer comment le corps dansant est informé par les processus gouvernementaux. Comment l'esprit nationaliste, qui est lui-même un produit de siècles de persécutions antisémites, est préservé dans les pas de danse. L'histoire de ma famille – dont de nombreux membres ont été assassinés pendant l'Holocauste, ainsi que le service militaire de mon père pendant la première Intifada - ont également eu une influence importante sur la pièce.

© Simon Courchel

Amit Noy a étudié hors-sol ces danses folkloriques israéliennes adaptées dans Good Luck, où il distingue un mélange entre danses d’Europe de l’Est, du Moyen-Orient et même danses arabes palestiniennes. C’est emblématique de l’Etat d’Israël, qui revendique une tradition de plusieurs millénaires mais qui est surtout une construction rapide et récente.

J’étire des gestes folkloriques jusqu'à leur point de rupture. Le simple fait de danser frontalement, et en solo des danses collectives en cercle associées à une culture commune est une façon de le déconstruire - j’aime bien dire désintégrer. Je ne veux pas recréer de la tradition, mais la pervertir.

La pièce met en scène la désintégration et le dysfonctionnement d'un corps nationaliste.

Amit Noy joue également sur des textes canoniques pour la mémoire collective. Il en détourne les paroles pour perturber les récits dominants et évoquer une contre-histoire radicalement dfférente… comme lorsqu’il ajoute à l’hymne national israélien des paroles faisant allusion à la Nakba.

© Simon Courchel

La création de Good Luck, entamée en octobre 2023, a été accompagnée par les événements tragiques en Israël puis à Gaza. Amit Noy confie que les deux dernières années ont profondément affecté sa vie personnelle et la trajectoire de Good Luck.


Je veux une pièce physique qui peut confronter les passages les plus douloureux et les plus difficiles de nos histoires et de nos consciences. La scène est un espace pour sentir ensemble des émotions complexes, faire face à la violence radicale, au chagrin et à la rage.

GOOD LUCK

Création

03-04 juillet 2025

Hangar Théâtre, Montpellier

Dans le cadre de Montpellier danse

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