- Pièce chorégraphique
- Événement Public
- 30.05.2025
Strate par strate, la danse questionne les stéréotypes et signes visuels qui ont pris possession de nos individualités sous couvert de promesses annonçant un bonheur intime, global et exhaustif.
Nommons ici la mode du style Juicy Couture qui a accompagné la construction de l’image médiatique de Kim Kardashian, une lutte entre clones autour d’une voiture qui semble incarner un cauchemar plutôt que le rêve de liberté individuelle, une danse des avatars où la matière organique des corps incarne les non-playable characters des univers virtuels, la transformation des désirs érotiques sous l’emprise du voyeurisme en ligne, des personnages de style TikTok qui s’approprient la comédie musicale et enchantent la danse post-moderne de Lucinda Childs…

L’interprète doit ici répondre à des exigences fondées sur la négation de sa réalité corporelle, et il fallait s’en donner les moyens, par des entraînements en arts martiaux ainsi qu’avec des cascadeurs et pionniers de l’art du déplacement.
Et si (LA)HORDE fait ici un pas de côté dans l’univers de la comédie musicale américaine, liée aux grandes crises, c’est qu’ils ne sont jamais là où on les attend. Mais quand après la seconde guerre mondiale, le modèle de Broadway se hisse, une fois de plus, au rang de modèle culturel dominant, il contribue, par la joie et par le rire, à la représentation des altérités queer et racisées !

La même époque voit arriver la danse post-moderne, qui permet ici aux interprètes de se réapproprier leurs personnalités. Ce qui peut paraître paradoxal, vu que la pulsation dans la danse dynamique et minutieuse de Lucinda Childs pousse habituellement l’individualité dans ses retranchements. Conclusion : à l’ère du contenu, l’authenticité est aussi une affaire de résistance !
(Thomas Hahn)